Pailin au Cambodge dans notre mémoire
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Pailin au Cambodge: Pour plusieurs combattants vietnamiens du régiment 812, c'est un ancien champ de bataille familier où il y avait beaucoup de sang, de larmes et une partie de leur jeunesse.
Au Cambodge, en décembre, au début de la saison sèche, il n’y avait plus de pluie lugubre pour que les anciens combattants vietnamiens racontent les journées passées à marcher sous la pluie, dans la vaste inondation du Mékong où l’eau prenait le contre – courant jusqu’ au Grand Lac de Tonlé Sap il y a trente ans…
De la porte frontalière de Hoa Lu (Binh Phuoc), nous, les anciens combattants du régiment de 812 héros de la division 309, sommes retournés à Pailin, une ville du nord-ouest du Cambodge, proche de la frontière thaïlandaise…
Pailin dans notre mémoire
De Phnom Penh à Pailin, sur plus de 370 km, j’ai passé cette nationale n ° 5 plusieurs fois, il y a trente ans. Maintenant, il faut seulement 5 h en voiture pour terminer le trajet paisible et poétique. Les champs longent la route et traversent les provinces de Kampong Chnang, Pursat et Battambang pendant la saison du riz mûr jaune…
Les bois des palmiers sont toujours alignés qui se fondent dans les rayons du soleil de l'après-midi, rappelant les jours de marche vers Pailin à l'ombre des arbres fournissant la principale source du sucre au peuple khmer…
Nous nous souvenons des embuscades pendant la nuit sous la vibration des palmiers refroidis par la brume, des journées fatigantes en portant les soldats blessés, des combats acharnés, le feu brillant du ciel nocturne, brulant parfois les arbres comme des flambeaux sous le ciel...
Avant d’arriver à Pailin, nous sommes arrivés à Battambang vers 17h. C'est la deuxième plus grande ville du Cambodge, traversée par la rivière poétique Sangker. Battambang était également le "sac" qui contenait l'armée Pol Pot après la libération de Phnom Penh le 7 janvier 1979.
Ce "sac" a également ouvert "la Porte de Naissance" pour permettre aux conseillers étrangers de fuir le Cambodge via la Thaïlande. Plus tard, dans cette région également, le régime de génocide de Pol Pot a été ravivé sous les mains des tératogènes qui l’a créé.
Pendant les dix ans de guerre contre l'armée de Pol Pot, Battambang était considéré comme le champ de bataille le plus sanglant. Les armées et les divisions les plus fortes de l’armée vietnamienne se sont toutes battues dans cette région…
En mars 1979, il était impossible de croire que la Division 309 chargée de la libération des deux provinces de Mondulkiri et Ratanakiri dans le nord-est du Cambodge avait reçu l'ordre de se rendre à Battambang. C'était une opération de près de 2 000 km, à la fois par route et par avion, de Lumphat (province du Ratanakiri) à Battambang.
Un pont aérien a été établi à l'aéroport de Cu Hanh (actuel Pleiku au Vietnam) reliant Tan Son Nhat (Ho Chi Minh-Ville au Vietnam) à Siem Reap à Battambang. Battambang est devenu un souvenir inoubliable des soldats de la Division 309…
Encens de la commémoration avant d’aller à Pailin:
Battambang est située sur la rive de Sangker qui a commencé la saison sèche. L'eau coulait de la frontière de Pailin jusqu’au lac de Tonle Sap.
En parcourant la ville, je reconnaissais toujours des endroits que j’avais connus, c'est-à-dire l'aéroport de Battambang. Il y a plus de 35 ans, moi-même et les membres de mon équipe avons mis les pieds dans cet aéroport. Beaucoup de personnes ont dû rester ici, car à l'époque, l'aéroport était le cimetière temporaire de la Division 309.
J'ai participé à l'escorte des martyrs dans ce cimetière. Les sacs en plastique blancs et froids contenant les corps des camarades étaient tombés dans des fosses funéraires temporaires, parfois remplies d'eau. L'odeur des cadavres en décomposition semblaient s’accrocher à l’uniforme terni…L'odeur des cadavres reste encore une hantise jusqu’aujourd'hui…
A Battambang, est-ce que quelqu'un se souvient encore de ce cimetière?
Battambang a allumé la lumière, nous nous sommes assis dans un petit café au bord de la rivière Sangker, observant le courant sans fin, écoutant le pas des camarades pour la retrouvaille. De l'autre côté de la rue, dans le centre d’anglais, les enfants gazouillaient. Ils sont l'avenir de ce peuple. Savez-vous dans cette rivière poétique, il y a aussi du sang, même beaucoup de sang des soldats vietnamiens...?
Le lendemain matin, nous sommes partis pour Pailin. Auparavant, Pailin était un district de la province de Battambang, où le Régiment 812 s'est tenu pendant de nombreuses années, où nous avions également le plus de pertes humaines. En 1997, Pailin s'est séparé de Battambang pour devenir une province. La Route 10 se connecte de Battambang à Pailin, anciennement la "Route du Sang", en particulier la section de Treng à Pailin ne fait que près de 40 km de long, mais le long de la route avait plein d'embuscades…
Pailin est l’endroit où il y a trop de souvenirs de guerre avec nous. La chaine des montagnes Dangrek sur la frontière avec la Thaïlande est très proche des postes B1, B2, B3...qui autrefois mettaient au défi notre jeunesse avec de longues journées de transport du riz, de l’eau, des matériaux essentiels…; des nuits froides en attente des ennemis entre la forêt profonde, batailles ardentes brillant les montagnes…
Pailin a laissé en moi deux obsessions: le paludisme et les mines. Le paludisme à Pailin était inévitable, en particulier la fièvre maligne, proche de la mort. Les mines terrestres étaient denses. Il y avait des champs de mines avec toutes sortes de mines les plus diaboliques et modernes des dernières années du 20ème siècle, qui constituent l'arme la plus meurtrière pour les soldats Vietnamiens...
Tard dans l’après-midi, au milieu d’un endroit où se trouvait le champ de mines meurtrier, la chanson commémorative a été chantée. La fumée d’encens était montée au sommet des postes B1, B2…pour appeler nos camarades à la retrouvaille que personne d’entre nous n’avait pu imaginer il y a quelques années…
Pailin est couvert toujours avec le soleil d'or comme le miel. Les fleurs du roseau sur le champ des mines du passé sont toujours blanches comme l’ombre d’une vieille mère attendant les enfants qui ne reviendront jamais pourtant. Les roseaux murmuraient également la prière sans fin dans le vent...
Pailin est maintenant paisible avec les maisons spacieuses. Devant ces maisons paisibles, sont souvent plantés une variété de fleurs que l’on appelle ‘’ Fleur de Sérénité’’ qui ont les pétales plates, larges, colorées et veloutées. Les gens envoient souvent ces fleurs à leurs proches pour qu'ils se rappellent à jamais.
Mes chers camarades, reposez-vous tranquillement avec Pailin où il y a des Fleurs de Sérénité blanches en toute l'année, les danses pour chanter l’amour et le bonheur, et aussi du sang, même beaucoup de sangs de nos amis coulant déjà à Pailin.