Anlong Veng au Cambdoge - Dernière base de Pol Pot du Khmer Rouge
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Anlong Veng au Cambdoge - Dernière base de Pol Pot du Khmer Rouge: Dans l'extrême Nord-Ouest du Cambodge, il y a un endroit dont, depuis longtemps, le monde entier ne semble pas connaître l'existence. Le dernier refuge de la troupe de Pol Pot, qu’on appelait le ‘’dernier repaire mortel’’. C’est Anlong Veng à Oddar Meanchey.
Nous sommes retournés à Anlong Veng, cette zone horriblement connue jadis, est maintenant un désert, à tel point que nombre de Cambodgiens n’y aient été.
Nous sommes retournés à Anlong Veng, la vieille terre notoire est maintenant un désert, même de nombreux Cambodgiens ne l’ont jamais été...
Quelque peu réservé, Som Vi (65 ans) - l'homme aux jambes de bois au sourire maladroit – ne m'a partagé ses mémoires que lorsqu'il a su que je n'étais pas un magistrat du tribunal venant pour trouver des preuves afin d’accuser des anciens dirigeants du Khmers Rouge au procès du génocide à Phnom Penh…
Som Vi disait avoir été à Anlong Veng avec la troupe de Pol Pot en 1990. D’origine de Kampong Speu, mais il a participé à plusieurs batailles avec le bourreau Ta Mok - un chef militaire de Pol Pot.
Ta Mok est d'origine chinoise et habitait à TaKeo (province limitrophe avec la province d’An Giang-Vietnam). Lorsque Pol Pot a construit sa base à Anlong Veng, il a pris tous les pouvoirs militaires. Quelques fois, l'autorité de ce bourreau a mêmedépassé celle de Pol Pot.
Lors d'une patrouille dans la région montagneuse de Dangrek, Som Vi est tombé sur une mine établie par l'armée du Khmer Rouge. L'accident lui a amputé le pied droit. Accident à cause duquel Som Vi a été retiré de l'équipe des garde du corps à côté de Ta Mok pour rejoindre les troupes chargées de transporter des pierres à la frontière, à Siem Reap, à Kampong Thom...
Som Vi a dit qu'il était plus chanceux que beaucoup de ses amis qui étaient incorporés dans les troupes du Khmer Rouge, qui étaient bien reçus au début. Mais petit à petit il ne les vit plus. Il avait vu certains de ses amis tués dans les mines, d’autres succombés à cause du paludisme, mais il y en a qui disparaissaient sans raison. Selon lui, il était possible qu'ils aient agi de manière à contrarier leurs supérieurs, avant de se faire dévorer dans des fosses communes dans les forêts de montagne profonde à Anlong Veng.
Les troupes dissociées
M. Leng Phaly, un ancien villageois qui connaissait bien les membres du Khmer Rouge à Anlong Veng, a déclaré que dans les premiers jours de son arrivée ici, Pol Pot avait imposé une politique démocratique pour inciter un grand nombre de personnes à les rejoindre. Cependant, lorsque les effectifs de soldats ont grossi, l'armée du Khmer Rouge a subi une grave crise alimentaire.
La faim provoquée par la perte de l'aide des pays qui le soutenaient, de nombreuses troupes des Khmers rouges se sont traînées dans la forêt pour échanger du bois, des pierres précieuses, des biens, même des pillages... Non seulement à Anlong Veng, mais aussi les régions sous le contrôle de Phnom Penh. Dans la forêt lointaine même, les soldats khmers rouges engendraient la terreur...
Leng Phaly a fait savoir que depuis le milieu des années 90, le peuple Anlong Veng commençait à voir le vrai visage du Khmer Rouges. Leurs propriétés et leur nourriture ont également été emportées par les troupes. Face à la pauvreté, la population perdait confiance en Pol Pot…
Les troupes à leur tour perdaient aussi confiance du Khmer Rouge. Certains des soldats se sont échappés avec les gangs criminels, d’autres se sont rendus auprès de l’armée nationale Cambodgienne, le reste des soldats perdait leur persévérance pour les batailles...La situation a contraint le gouvernement du Khmer Rouge à procéder de nouveau à des "purges".
Les archives conservées à L’institut des Archives du Cambodge recensent, de 1993 à 1997, environ 3000 soldats du Khmer Rouge ont été fusillés et enterrés dans des fosses collectives. Ta Mok était l’auteur de ces purges à Anlong Veng…
Des tombes oubliées et froides à Anlong Veng
Som Vi, sur la route vers Chaom, proche de la frontière avec la Thaïlande, m'a montré un tableau marron dressé sur le bord de la route avec les mots "Le lieu où M. Son Sen a été incinéré et sa famille". Le personage infâme au visage élégant est le plus haut dirigeant du Khmer Rouge qui a été exécuté par l'armée de Pol Pot. Son Sen a été ministre de la Défense dans l'appareil gouvernemental des Khmers rouges.
Avec les anciens combatants du Khmer Rouge, nous étions sur le chemin de la forêt, à la frontière du Cambodge et de la Thaïlande, pour trouver les dernières traces des troupes de Pol Pot à Anlong Veng. Au sommet de la haute colline de la chaîne de montagnes Dangrek, à la frontière de Chaom entre le Cambodge et la Thaïlande, se trouve un monde animé avec des marchés et des casinos spontanés.
Sur la droite, en face de la zone commerciale animée, près de l'auberge du personnel du casino, si vous y prêtez attention, vous verrez un tableau rouillé dans l'allée en terre rouge, avec les mots: "Lieu de crémation de Pol Pot ".
Sans ces signes et ces vétérans, il est étrange que des étrangers sachent que c’est la tombe du chef de l’armée qui a causé la mort de millions d’êtres humains en seulement quatre ans.
Un petit morceau de sol recouvert d'une plaque de fer rouillée, le brûle-encens sur le côté de vieilles plaques, sous le toit, il y avait un petit tableau écrit en khmer indiquant l’endroit où est enterré Pol Pot.
Selon les habitants à Anlong Veng, Pol Pot était tout seul pendant qu’il se cachait et lors de sa mort, seuls les missionnaires chargés ont accès à son refuge. Les funérailles ont été vite organisées, principalement pour confirmer l’identité du chef des génocides.
Sa femme et ses enfants ont juste eu le temps de le voir une dernière fois avant que son corps soit incinéré avec des pneus, les couvertures, des morceaux de bois…La tombe y était installée de suite dans la forêt froide à Anlong Veng.
"Sa tombe doit être installée ici, dans cet endroit isolé. Parce qu'il a moins de ressentiment envers les gens ici, les gens ne le détestent pas. C’est pas possible d'amener des cendres dans la région inférieure", a déclaré un homme à proximité pour nous expliquer pourquoi la tombe de Pol Pot a été installée à Chaom dans l’isolé Anlong Veng.
Dernier refuge
Les anciens combattants ont accepté de nous emmener le long de la route isolée menant à la forêt profonde, traversant la frontière thaïlandaise pour atteindre le dernier refuge de Pol Pot. Nous nous sommes perdus plusieurs fois dans ces zigzacs forestiers. Suivant le long chemin qui semblait ne pas avoir de sortie, nous avons finalement atteint le bout de la forêt et des montagnes.
Près de l’abîme, juste à un pas du sol thaïlandais, les anciens combattants ont soupiré pour nous montrer la cachette de Pol Pot. Ce sont les murs couverts de mousse, sur la terre dominée par un ruisseau, entourée de branches et d’arbres séculaires, la maison ne fait pas plus de 100 mètres carrés et ne contient aucun objet. Le coin gauche de la maison est l’entrée du tunnel à partir duquel de nombreux sorties apparaissent…
"Nous n’avions pas le droit de nous en rapprocher", ont déclaré les anciens combattants, en se précipitant pour chercher le reste des caves et pénétrer dans le bâtiment.
De temps en temps, quelqu'un a crié pour un nouveau tunnel. Une personne a encore deviné qu'il y aurait un tunnel vers la Thaïlande, "il aurait fui en Thaïlande".
Au milieu de la forêt froide, dans la hutte, il y avait beaucoup d'insécurités, ceux qui étaient présents ont vu qu'il s'agissait d'un endroit pour se cacher, pas d'un endroit pour vivre.
En 1985, Polpot s’est démissionné et laissa la place à la tête du Khmer Rouge à Khieu Samphan mais gardait encore un rôle important dans la machine gouvernementale et promulguait des ordres de grande importance, par exemple, l’ordre de fusiller tout la famille de Son Sen, considéré jadis comme le bras droit de Polpot.
4 /1998, l’armée du gouvernement cambodgien a attaqué les troupes des Khmer rouges. Vaincu, Tamok s’enfui dans la forêt. Pol Pot est pris comme otage.
15/4/1998, Polpot est mort, de crise cardiaque selon l’annonce. La crémation a été faite dans une campagne cambodgienne à Anlong Veng avec la participation d’une vingtaine de soldats du Khmers Rouge.
12/1998, Khieu Sampan s’est rendu.
29/12/1998, les dirigeants Khmers touges ont dit des excuses du génocide causant la mort de 1,7 millions de Cambodgiens et quelques milliers de Viets innocents succombés.
12/1999, Ta Mok est arrêté et les autres derniers soldats du Khmer Rouge se sont rendus
Au début des années 90, lorsque l'armée vietnamienne et le gouvernement cambodgien balayaient partout les troupes de Pol Pot, les chefs du Khmer Rouge s'étaient retirés dans les forêts à Anlong Veng, à la frontière thaïlandaise, avec le nombre de soldats nouvellement recrutés de force, qui atteignait 50 000 personnes.
Lorsque l'armée vietnamienne s’est retirée du Cambodge et confié le contrôle à l'armée du gouvernement cambodgien fraichement établi et encore faible, les troupes du Khmer Rouge ont mené des attaques provoquant la panique dans tout le pays du Cambodge. Les troupes des Khmers rouges ont même repoussé les troupes gouvernementales dans les deux provinces frontalières du nord-ouest de Palin et d'Anlong Veng.
À Anlong Veng, les Khmers rouges ont mis en place une zone spéciale avec la quasi-totalité des dirigeants. Pol Pot, dans les plaines adossées aux monts Dangrek a déclaré invincible car "Un intru a 99% la chance d’être tué" par un labyrinthe de leurs champs de mines.
Anlong Veng est dès lors devenu comme absent sur la carte et dans la société cambodgienne. Des années plus tard, lorsque le dernier soldat du génocide a abandonné les armes à feu pour se rendre aux troupes gouvernementales (en 1999), des fosses communes ont à nouveau été découvertes avec des milliers de personnes tuées lors de purges.
À partir de là, le voile de mystère sur la fin du régime du Khmer Rouge considéré comme le plus cruel de l’histoire de l'humanité est progressivement levé à partir des restes à Anlong Veng…